mardi 13 décembre 2016

Parole d'étudiante, suite à Noirceurs...

Masterclass 3 : Campus Lettres et Sciences Humaines, le samedi 10 Décembre 2016.
Noirceurs, Benoît Fourchard, par la Compagnie Les Fruits du Hasard.
Introduction :
Noirceurs est un texte de Benoit Fourchard, monté et mise en scène par lui-même et avec l’aide de la compagnie Les Fruits Du Hasard. Il s’agit d’un dyptique musical, nous dévoilant chaque fois un texte interprété par un acteur. Dans la première partie du spectacle, seul un musicien et un acteur sont présent en scène. Quelques éléments de décor les accompagnent. Dans la deuxième partie, le décor disparait, laissant place à 3 douches de lumière qui nous révèlent deux toujours un acteur, mais accompagné de deux musiciens cette fois. Des percussions viennent alors se rajouter à la basse présente depuis le début de la pièce. Ce spectacle est fondé sur le thème du fait divers, avec pour but de nous montrer les travers sombres qui se cachent en chacun de nous, et de quelle façon ils peuvent subitement faire surface après avoir été profondément enfouis pendant tant de temps. Nous aborderont donc ce thème de la violence et la façon dont il est mis en scène dans le spectacle, notamment par les jeux de lumière et le son.
La représentation :
La violence peut être représentée par de nombreux moyens au théâtre : dans les paroles, les dialogues, avec des mots durs et blessants ; dans des gestes brutaux, des regards pleins de colère ou d’agressivité ; des mouvements rapides, furtifs, des courses poursuite, des assassinats… mais ici, bien que les textes soient parfois d’une cruauté rude, c’est aussi dans les lumières et les sons que l’on retrouve cette violence.
L’éclairage, d’abord, est disposé et utilisé d’une manière peu commune au théâtre, car il n’est pas géré par une régie mais par l’acteur lui-même. Il dispose de plusieurs lampes de bureau sur une table métallique dans la première partie, ainsi que de lampes posées au sol au proscénium et éclairant vers le haut (il peut les allumées avec son pied grace à des interrupteurs au sol).  On a donc des lumières brut, loin d’un éclairage doux et tamisé, mais bien au contraire, assez agressif, tant pour l’acteur lorsqu’il est éclairé en plein visage. Ce sont des lumières crues et non pas chaudes. L’ambiance est donc déjà posée : cela ne sera pas fait pour mettre le spectateur tout à fait à l’aise. Dans cette première atmosphère arrive, en plus de cela, un personnage au sourire cruel, on y verrait presque des dents acérées. Le regard fixé sur le public, qui devient alors la famille Henriot, il lui adresse alors les premiers mots de la pièce, lesquels sont plutôt tranchants…
Dans la deuxième partie, l’éclairage est totalement différent, et a pourtant ceci de commun : il est tout aussi violent. Des douches droites, fines, aigues, d’une lumière toujours froide tombent sur le comédien placé au milieu et les deux comédiens placés sur les deux côtés. Le reste est noir, profondément noir. Par moment, on peut même avoir l’impression quand on fixe le comédien, que seul son visage se détache du reste de la scène. Il y a donc ici un grand travail de clair-obscur. Ceci donne un visuel déchiré, en quelque sorte, comme si les personnages que l’on entrevoit se détachaient de cette obscurité, parfois oppressante. Ici encore, le spectateur n’est pas mis à l’aise. Ceci est aussi renforcé par la diction du comédien, très monotone et sourde, puissante et grave, insensible en fait. Le texte, lui aussi, augmente cet effet par son caractère très descriptif, jusque dans les moindres détails de l’action qui se déroule, presque comme si l’on voyait les ombres des personnages décrits sous nos yeux. On pourrait même les voir se tuer, se déchirer l’un l’autre, se regarder froidement.
Pour ce qui est du son, il n’est pas géré par le comédien cette fois, mais par une régie qui se trouve elle-même bien présente en scène. Dans la première partie, plusieurs instruments sont utilisés, dont une guitare électrique et un violoncelle, mais les sons sont souvent électrisés, remasterisés, en direct grace à tout un équipement technique, et, probablement, grace à des enregistrements préalables aussi. La voix du comédien est aussi modifiée par moment, lui donnant des allures encore plus menaçantes. Dans la deuxième partie, on a cette fois une guitare électrique toujours, et une batterie, qui se permet d’ailleurs de nombreuses expérimentations avec toute sorte d’objets métalliques, rêches, et granuleux, rendant des sons aigus, griffants, sifflants, parfois assez désagréables. Des sons dans tous les cas discordants, qui vont de pair avec les discours des personnages, et leur esprit qui perd pied, puis tombe brutalement dans la folie. On peut aussi remarquer que les silences mettent merveilleusement bien en valeur ces textes, leur donnant une résonnance d’autant plus forte. On a parfois ce léger temps de silence, où, en tant que spectateur, on peut être plongé dans une certaine réflexion par rapport au personnage et à ses actes : Mais qui est-il réellement ? Que veut-il faire ? Que va-t-il faire ? Jusqu’où ira-t-il vraiment ? Etc.
Je crois aussi qu’une chose notable dans ce spectacle est qu’il nous présente deux cas : le premier, avec cette femme qui a déjà basculer dans la folie avant que cela ne commence, par le fait d’évènements antérieurs ; et le deuxième, qui, lui, bascule « de l’autre côté » devant nous.
La masterclass :
Durant la masterclass, nous avons commencé par parler du spectacle avec Benoit Fourchard (auteur et metteur en scène de cette pièce) et de Virginie Hoppé (responsable au centre culturel André Malraux). Nous avons donc aussi pu parler du rôle des centres culturels comme celui-ci, de leurs actions, et des différents types de spectacles qui y prenaient vie. Nous avons ensuite commencé à parler de la formation du spectacle lui-même, et des choix de l’auteur. Ce spectacle est un dyptique, composé de deux « tableaux » : le premier étant « Cette chère Simone », où l’on nous montre ce personnage de Simone Weber connu dans Nancy pour les assassinats de ses divers compagnons, et le deuxième qui s’intitule « 48 fois », où l’on représente un mari qui a tué sa femme de 48 coups de couteaux (Beaucoup plus dans la réalité mais l’auteur a adapté).
Benoit Fourchard nous confi que la plupart des éléments présents dans les deux parties sont réelles, étant donné que ces histoires sont tirées de fait divers ayant bien eu lieu, mais que d’autres ont été supprimés, car on ne peut pas tout montrer sinon cela serait beaucoup trop long, ou encore ajoutés et créés par lui. Par exemple, le nombre de coups de couteaux, la poupée nommée Vassili de Mme Weber, ou le nom de la famille « Henriot », sont des adaptations ou des inventions de Mr. Fourchard. Par contre, on sait que Simone appelait réellement le juge s’occupant de son affaire « mon poussin », car elle avait lié une relation très proche et spéciale avec lui, ou que le meurtre dans le deuxième volet s’est bien passé dans de telles conditions (dans l’escalier, et avec préméditations car il avait réellement enfermé les enfants). Benoit Fourchard a notamment pu avoir de l’aide d’un témoin ayant assisté au meurtre au moment où il s’est passé pour ce deuxième volet, et a fait de nombreuse recherches pour les deux affaires, en leur trouvant cette caractéristique commune : elle révèlent toutes deux un basculement psychologique des personnages, qui, dans les deux cas, sont perdus, et finissent par sombrer dans une sorte de folie.
Après avoir échangé sur le sujet, nous avons réalisé un petit travail d’écriture. Avec l’aide de Mr. Fourchard, nous avons d’abord constitué deux phrases simples répondant à la question : « qui fait quoi, où, et quand ? ». A partir de ces deux phrases, nous en avons développé une, en y ajoutant quelques détails sur les conditions de l’action, qui nous a servi de base à une petite histoire un peu plus longue. Dans la plupart des cas, ce que nous avons écrit était en fait une scène d’exposition, avec beaucoup de description du cadre de l’action, de l’ambiance, de la lumière, des lieux, etc.
Pour continuer cet exercice, nous avons ensuite tiré au sort un fait divers résumé en une ou deux phrases, dont nous devions écrire l’histoire, sous la forme de notre choix. Cela pouvait donc avoir un style journalistique, comme être un dialogue, ou un récit, ou un texte déjà plus théâtralisé. Seulement, notre personnage principale n’avait pas pour obligation d’être le responsable réel de l’action telle qu’elle était énoncée, on pouvait très bien avoir un objet ou un acteur tout à fait secondaire comme élément principal et déclencheur de l’action.
Nous avons fini cette masterclass en lisant nos textes devant le groupe et en discutant au sujet de chaque texte et de la manière dont nous l’avions compris. Nous avons remarqué, comme nous l’avait justement dit Benoit Fourchard, que certaines choses, qui nous semblaient claires, restaient difficiles à comprendre sans explications lorsque l’on découvre le texte.
Nous avons eu la chance, pour la première fois dans une séance de masterclass, de faire un travail d’écriture, plutôt qu’un travail de mise en voix d’un texte, ce qui fût très intéressant. Nous avons pu, par ce biais, laisser libre-cours à notre imagination d’une autre manière que par nos choix d’interprétation.

De plus, Benoit Fourchard est quelqu’un de très ouvert et qui a pu nous donner beaucoup de pistes de réflexion artistiques, qui nous a très bien guidé dans la mise par écrit de nos idées, tout en nous laissant une grande liberté. Encore une fois, ce travail a été très enrichissant pour chacun de nous je pense, car il est, lui-aussi, reparti avec de nouvelles idées pour d’autres ateliers de ce genre !

lundi 12 décembre 2016

Noirceurs, photos...

C'était du 1er au 11 décembre, au LEM (11 Grand rue à Nancy), dans le cadre de la programmation du CCAM, et ce fut une très belle aventure !...
Avec Laurent Gix, Gabriel Fabing, Michel Deltruc, Phil Colin, Manu Humeau, Florian Martin, Benoît Fourchard...
Sans oublier Nini Marouzé, Delphine Bardot, Daniel Trento et nos amies Laure et Fred de la Poulie Production.







(Photos Gérard Savin)


Noirceurs, magazine Poly de novembre...