Cher.e.s ami.e.s des Fruits
du Hasard,
Le projet Ni Fleurs ni
Couronnes, de Maylis de Kerangal, est lancé à la fin de l'été 2016,
lorsque les éditions Gallimard et l'auteure du texte nous accordent l'autorisation
d'adapter cette longue nouvelle, parue
en 2006 aux Editions Verticales, en vue d'un
spectacle prévu pour l'automne 2018.
La
toile de fond est le naufrage du Lusitania, transatlantique britannique coulé
par les Allemands au large de l’Irlande en mai 1915, élément déclencheur de
l’entrée en guerre des Etats-Unis. Moyennant quelques pennies, Finbarr, un
garçon un peu rustre, va repêcher les corps, en compagnie d’une fille étrange
venue d’ailleurs…
D’emblée,
l’écriture musicale de Maylis de Kerangal entre en complète résonnance avec le
travail sur le son qu’a entrepris la compagnie depuis plusieurs années.
Au cours de la saison
16/17, nous rencontrons Maylis de
Kerangal, qui nous confirme son enthousiasme pour le projet. Un premier
dossier est alors envoyé à nos partenaires, lorrains et
alsaciens.
En février 2017, avec
Antoine Arlot, nous effectuons un premier laboratoire dans le cadre de notre
résidence au lycée Callot de Vandœuvre (54) et décidons alors d'orienter
le projet vers une utilisation du son binaural (un son en 3D) et ainsi poursuivre le compagnonnage entre voix et
son, dont nous explorons, de spectacles en spectacles, les multiples
possibilités.
En fin d'été 2017, nous
lançons officiellement le projet, recontactons nos partenaires privilégiés, et
étendons nos contacts à une quarantaine de structures.
Or, que ce soit nos
partenaires historiques ou tous les autres contacts pris depuis plusieurs mois,
aucune structure n'a souhaité s'engager à nos côtés. Impossible de monter une
telle production sans leur soutien.
Pourtant, sur le papier,
notre proposition semblait contenir son lot de belles promesses : un texte
magnifique, une technique sonore incroyable et à ce jour bien peu exploitée (le
son binaural), une adéquation avec l'Histoire, la commémoration de 14/18. Et
nous n'entrerons pas dans les détails de la démarche propre à la compagnie, le
dialogue entre écriture contemporaine et recherche sonore, démarche largement
éprouvée au cours des années passées. Citons à ce titre Pince de Crabe
en 2010, La Méthode Maxwell
(2011), Rewind, provisoirement (2014), ou Noirceurs (2016).
Une recherche que nous
pensions poursuivre avec Ni Fleurs ni Couronnes.
(D’ailleurs, à ce titre, au
cours de l’automne 2017, avec Nathalie Jacquemin, future ingénieure du son du
projet, nous rencontrons la société Fichter, à Lannion (Côtes D’Armor), qui
nous propose un système de casques et diffusion du son entièrement dédié au binaural. Et comme nous sommes en bord
de mer, nous en profitons même pour effectuer quelques repérages et premières
prises de sons. Un environnement sonore pas très éloigné de ce qu’on pourrait
percevoir sur ces côtes irlandaises…)
Or, si nos dernières
productions ont connues des difficultés de plus en plus grandes à voir le jour,
malgré le soutien indéfectible de Dominique Répécaud, à qui nous souhaitons
particulièrement rendre hommage ici, et le partenariat sans faille de nos
tutelles (DRAC, Région, Ville de Nancy), il s'avère aujourd'hui que sur les
plus de quarante lieux sollicités pour ce projet, nous n'avons obtenu aucune
coproduction, ni pré-achat, ni même résidences. D'ailleurs, outre trois
structures véritablement intéressées par le projet, dont le Lieu
Unique de Nantes, nous n'avons reçu que quelques réponses négatives, ou
hypothétiques, et surtout pas de réponse du tout…
Bref, vous l'aurez compris,
le spectacle n'a aucune chance de voir le jour.
Il ne s'agit pas d'attenter
un procès de qui que ce soit.
Nous souhaitons simplement
faire un constat : celui de l'impossibilité aujourd'hui pour les
Fruits du Hasard de mener à terme un nouveau projet de création, malgré le geste artistique que
nous pensions proposer, un geste authentique et contemporain.
En outre, si nous pouvons
comprendre qu'il n'y a définitivement plus assez de place pour tous, il
nous est très cruel de constater le peu d'intérêt que notre
proposition a suscité. Comme quoi, rien n'est jamais acquis, malgré
les heures de vol…
Nous en sommes bien tristes
et amers. Malheureusement, nous n'y pouvons pas grand-chose.
Dans la situation actuelle,
la compagnie est donc dans l'ignorance complète d'un quelconque lendemain.
Elle ne va pas pour autant se
dissoudre, et continuera à être un outil potentiel de production et d'emploi,
notamment avec Les Closeries, nos lectures musicales consacrées à la Nouvelle,
qui devraient poursuivre leur route… D’ailleurs, dans ce cadre, nous
envisagerons de reprendre Ni Fleurs ni
Couronnes, sous forme de lecture. Bref, nous n’avons peut-être pas encore
dit notre dernier mot !
À suivre donc.
Il nous reste à vous adresser
nos vœux les plus chaleureux pour cette année 2018.
Et à transformer ces
incertitudes en vaste champ des possibles, pour peut-être un jour vous faire partager de
nouvelles aventures...
Désormais en dehors des
plateaux.
Coco Bernardis et Benoît
Fourchard
(L’équipe de Ni Fleurs ni Couronnes : Coco
Bernardis et Laurent Gix, interprètes / Antoine Arlot, création de l’environnement
sonore audio-naturaliste, enregistré et créé en direct / Nathalie Jacquemin,
ingénieure du son / Benoît Fourchard, adaptation et mise en scène)
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