vendredi 5 janvier 2018

2018...

Cher.e.s ami.e.s des Fruits du Hasard,

Le projet Ni Fleurs ni Couronnes, de Maylis de Kerangal, est lancé à la fin de l'été 2016, lorsque les éditions Gallimard et l'auteure du texte nous accordent l'autorisation d'adapter cette longue nouvelle, parue en 2006 aux Editions Verticales, en vue d'un spectacle prévu pour l'automne 2018. 
La toile de fond est le naufrage du Lusitania, transatlantique britannique coulé par les Allemands au large de l’Irlande en mai 1915, élément déclencheur de l’entrée en guerre des Etats-Unis. Moyennant quelques pennies, Finbarr, un garçon un peu rustre, va repêcher les corps, en compagnie d’une fille étrange venue d’ailleurs…
D’emblée, l’écriture musicale de Maylis de Kerangal entre en complète résonnance avec le travail sur le son qu’a entrepris la compagnie depuis plusieurs années.

Au cours de la saison 16/17, nous rencontrons Maylis de Kerangal, qui nous confirme son enthousiasme pour le projet. Un premier dossier est alors envoyé à nos partenaires, lorrains et alsaciens. 
En février 2017, avec Antoine Arlot, nous effectuons un premier laboratoire dans le cadre de notre résidence au lycée Callot de Vandœuvre (54) et décidons alors d'orienter le projet vers une utilisation du son binaural (un son en 3D) et ainsi poursuivre le compagnonnage entre voix et son, dont nous explorons, de spectacles en spectacles, les multiples possibilités.
En fin d'été 2017, nous lançons officiellement le projet, recontactons nos partenaires privilégiés, et étendons nos contacts à une quarantaine de structures. 

Or, que ce soit nos partenaires historiques ou tous les autres contacts pris depuis plusieurs mois, aucune structure n'a souhaité s'engager à nos côtés. Impossible de monter une telle production sans leur soutien. 

Pourtant, sur le papier, notre proposition semblait contenir son lot de belles promesses : un texte magnifique, une technique sonore incroyable et à ce jour bien peu exploitée (le son binaural), une adéquation avec l'Histoire, la commémoration de 14/18. Et nous n'entrerons pas dans les détails de la démarche propre à la compagnie, le dialogue entre écriture contemporaine et recherche sonore, démarche largement éprouvée au cours des années passées. Citons à ce titre Pince de Crabe en 2010, La Méthode Maxwell (2011), Rewind, provisoirement (2014), ou Noirceurs (2016). 
Une recherche que nous pensions poursuivre avec Ni Fleurs ni Couronnes
(D’ailleurs, à ce titre, au cours de l’automne 2017, avec Nathalie Jacquemin, future ingénieure du son du projet, nous rencontrons la société Fichter, à Lannion (Côtes D’Armor), qui nous propose un système de casques et diffusion du son entièrement dédié au binaural. Et comme nous sommes en bord de mer, nous en profitons même pour effectuer quelques repérages et premières prises de sons. Un environnement sonore pas très éloigné de ce qu’on pourrait percevoir sur ces côtes irlandaises…)
Or, si nos dernières productions ont connues des difficultés de plus en plus grandes à voir le jour, malgré le soutien indéfectible de Dominique Répécaud, à qui nous souhaitons particulièrement rendre hommage ici, et le partenariat sans faille de nos tutelles (DRAC, Région, Ville de Nancy), il s'avère aujourd'hui que sur les plus de quarante lieux sollicités pour ce projet, nous n'avons obtenu aucune coproduction, ni pré-achat, ni même résidences. D'ailleurs, outre trois structures véritablement intéressées par le projet, dont le Lieu Unique de Nantes, nous n'avons reçu que quelques réponses négatives, ou hypothétiques, et surtout pas de réponse du tout… 
Bref, vous l'aurez compris, le spectacle n'a aucune chance de voir le jour. 

Il ne s'agit pas d'attenter un procès de qui que ce soit.
Nous souhaitons simplement faire un constat : celui de l'impossibilité aujourd'hui pour les Fruits du Hasard de mener à terme un nouveau projet de création, malgré le geste artistique que nous pensions proposer, un geste authentique et contemporain.
En outre, si nous pouvons comprendre qu'il n'y a définitivement plus assez de place pour tous, il nous est très cruel de constater le peu d'intérêt que notre proposition a suscité. Comme quoi, rien n'est jamais acquis, malgré les heures de vol… 
Nous en sommes bien tristes et amers. Malheureusement, nous n'y pouvons pas grand-chose.  
Dans la situation actuelle, la compagnie est donc dans l'ignorance complète d'un quelconque lendemain.
Elle ne va pas pour autant se dissoudre, et continuera à être un outil potentiel de production et d'emploi, notamment avec Les Closeries, nos lectures musicales consacrées à la Nouvelle, qui devraient poursuivre leur route… D’ailleurs, dans ce cadre, nous envisagerons de reprendre Ni Fleurs ni Couronnes, sous forme de lecture. Bref, nous n’avons peut-être pas encore dit notre dernier mot !
À suivre donc.

Il nous reste à vous adresser nos vœux les plus chaleureux pour cette année 2018.
Et à transformer ces incertitudes en vaste champ des possibles, pour peut-être un jour vous faire partager de nouvelles aventures... 
Désormais en dehors des plateaux.


Coco Bernardis et Benoît Fourchard


(L’équipe de Ni Fleurs ni Couronnes : Coco Bernardis et Laurent Gix, interprètes / Antoine Arlot, création de l’environnement sonore audio-naturaliste, enregistré et créé en direct / Nathalie Jacquemin, ingénieure du son / Benoît Fourchard, adaptation et mise en scène)




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