jeudi 9 décembre 2010

Emotion de la pince



Survoler la contingence, trouver la trouée, la partie de ciel encore légère, légère, légère* et ouverte aux fragrances des inventions féériques. Parfois oui, parfois non, un jeu des aller et des venues, des va et des viens, une montagne russe à gros sentiment et grandes oscillations. 
Qui la retient de se laisser donner, de se laisser aller ? Quelle espièglerie des cachotteries, le foulard désiré comme mise, voilà tous les prétendants en roue libre, et sauter, danser, tenter de séduire cette belle fugitive à ne prendre que quelques instants. 
Pas si simple, pas si simple. La belle ne se livre pas à tous vents, aux allées et aux venues sans escrime.
Une esquive par ci, un subterfuge de cet autre côté, c'est une farce ! une comédie, une pantalonnade, un théâtre de masques et de dissimulations. 
Pourtant... toucher du doigt l'orée des envies, la frontière où tout se soulève, où tout s'élève et l'air frais et le vent dans les mèches, c'est encore, c'est pour longtemps, une soif, une recherche, une course-poursuite ; une raison d'être.

L'émotion, une étrange affaire de justesse.


Pince de Crabe des Fruits du hasard enchaine donc les filages* et les retours (les débriefing), les retours (les réunions-bilan, en French) et les filages. Une mise en route des articulations et des transitions, des fluidités et de cette quête en permanence renouvelée des états de grâce qui n'appartiennent qu'à un moment un assemblage une vibration.

Chaque spectacle à son temps de fermentation. Entre les idées au décollage et l'atterrissage de la "première" il existe tout un espace à forte dilatation temporel et émotionnel, une torsion de sentiments qui filent entre les hauts et les bas, entre l'euphorie ensoleillée des trouvailles et la sombre sensation de la pesanteur.
Qui est In, qui est Out* - et le coup du saxo ? D'un jour à l'autre, d'une heure à l'autre, d'une note à un geste, tout bascule, tout titube, ça vire de bord et ça chavire, ça chaloupe, le temps que le spectacle se cristallise enfin dans un corps cohérent et vivant. Une respiration.
Pince de Crabe cherche son équilibre. Le point qui permet d'effleurer une émotion issu d'un tout fait de chaque chose - et de ce mystérieux plus, matière noire* du spectacle vivant. Un état funambule. 


Et pendant ce temps, notre Sirène, beau modelage numérique, élégante carrosserie de plastoc, allure caressée de fantasmes digitaux, volant planant au dessus des banales occupations "spectaculaires", jette un œil narquois sur ces Sisyphes du théâtre charnel. La terre et ses misères extraordinaires.

Rendez-vous le 15 décembre au TGP de Frouard* pour la première (et souvenir pour toujours).
aa

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