vendredi 3 décembre 2010

Maxwell ? C'est du café ?

... est un "nouveau projet" (des Fruits du hasard*), et comme tout nouveau projet il est difficile d'en cerner les fins et les intérieurs.




En revanche pour les départs il y à déjà une idée. Et notamment cette question d'articulation entre un texte "narratif" (La méthode Maxwell, une nouvelle de Benoit Fourchard) et une musique vu comme espace acoustique.
Une question d'équilibre, d'alliage à poser mais surtout de plans d'impressions différents. Impression et respiration. Car après tout, chacun de ces deux fomentateur d'émotion demande un temps ad hoc pour exister et ne pas être qu'une simple évocation. Un écho aux problématiques liant la danse et la musique, le cinéma et la musique et finalement l'interdisciplinarité dans son ensemble.
Il ne suffit pas de greffer les pratiques, de coller sous ou sur, de teinter de moderne, de contemporain, de numérique, de vidéo ou d'effets standardisés, de cacher la misère des idées et des savoirs, ni de tenter un "world art" en proposant comme seul territoire un temps unique aux mélodies, harmonies, sens littéraires ou images narratives et autres cultures disposés dans une boite de conception occidental, supposée étalon des arts. L'harmonie - comme exemple - qui gouverne actuellement ne date que de 200 ans. il reste donc de l'espace avant et après et même pendant si l'on veut bien expérimenter.




Il existe des terrains d'entente et de combinaison propices (limpides et fertiles) aux effervescences artistiques et c'est le cas des musiques improvisées mêlées à la poésie sonore (fantastique Jaap Blonk*) ou aux mots triturés et chamboulés (cette merveille de Phil Minton par exemple*) perçus comme des voix, des sons ou des abstraction de mots dans un univers pas forcément hors "note" ou hors harmonie.
Mais la question d'une expérimentation poussé entre un texte véritablement conçu comme une histoire et une musique spatialisé, oscillant entre matière sonore*, mélodie Lacyienne*, et au temps donné pour se développer et exister, est plus rarement osé.

Il faut dire que cela comporte des handicaps à risques multipliés, car même si les acteurs de cette recherche sont convaincus, les codes employés (une histoire au sens dirigé, une musique accompagnatrice à l'imaginaire enfermé par la lecture donné) provoquent une écoute typé de la part de l'auditeur.
Tel mélodie sera réduite à tel sentiment lié au texte, tel histoire méritera une attention plus soutenu que le paysage sonore qui défile derrière, forcement derrière, comme une tapisserie, un semblant de rythmique ou d'harmonie seduira plus facilement que des espaces inouïes, le texte qui raconte sera dépendant de la musique qui raconte, le narrateur comme le musicien ne pourront se laisser porter par l'unique tension de leur transmetteur (texte et instrument), une mise en scène sera indéniablement nécessaire pour combiner le visuel au sens, etc, etc... et le public à aussi pour finir une responsabilité dans l'évolution des perceptions. C'est un échange, une partie à plusieurs et un engagement.




Des difficultés donc, mais aussi un pari et une expérience passionnante. Essayer de mêler deux manières de créer un transport en respectant les uns et les autres et en télescopant les uns et les autres.
L'auditeur ne sera pas tranquille, il devra accoutumer sa lecture des événements comme l'œil s'accoutume aux distances. Passer de l'un à l'autre monde aux règles disjointes, devenir le point où tout se mélange, participer au lien et à l'architecture des raisons d'être.

La méthode Maxwell n'est pas qu'une histoire, c'est aussi une expérience. Ouvrir le sens d'un texte aux abstractions du son et le son aux structures d'une histoire. Ouvrir, ouvrir, ouvrir les deux éléments à une perception plus large et moins codée, questionner les grilles de lectures d'un public aux idées forcément culturelles, imprimées, accumulées, en attente. C'est une douce et complice tentative de croche-pied.

Présentation de ce bidule à la Scène Nationale* de Vandœuvre-lès-Nancy, le 28 mars à 19h.
aa


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